Point Histoire : Le Libéria

Le Libéria : “premier pays d’Afrique à avoir élu une femme présidente”. Le nom de cette femme – Ellen Johnson Sirleaf, est parfois tristement ommis pour en préférer le symbole. Bien qu’il faille se féliciter de la grande avancée sociétale que cette élection représente et des aspirations que celle-ci a pu susciter :.....

Le Libéria : Origines

Région découverte au XVe siècle par les Portugais, ces derniers la nomment “Côte du Poivre”, en raison de la présence d’une graine (la maniguette) qui était cultivée par la population locale. 

Quatre siècles plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique et plus précisément aux États-Unis, une question se pose : quel sort sera réservé aux esclaves affranchis ? En 1816, cette question est abordée au sein du Congrès. Les discussions aboutissent par la suite à l’achat de terres près de l’embouchure du Mensurado en 1821 par L’American Colonization Society. Ainsi, plusieurs esclaves sont rapatriés dans un établissement prévu à cet effet. En 1822, la colonie est officiellement fondée sous le nom de “Libéria”. Sa capitale, nommée Monrovia, est un hommage à l’ancien président américain James Monroe. 

Le Libéria se détache de la tutelle américaine en proclamant son indépendance le 26 juillet 1847. Le pays devient alors une république, semblable au modèle américain. Or, bien qu’il soit l’un des premiers à devenir indépendant, des tensions persistent entre les Américano-Libériens (appelés freemen) et les autochtones (nommés bushmen). Ces derniers sont exploités par les freemen, qui reproduisent le même système d’oppression que les Occidentaux. La réaction de l’ONU (Société des Nations à cette époque) s’est traduite par une condamnation du régime en 1931.

Peu à peu, une figure tente d’intégrer les autochtones, qui jusque-là, n’étaient pas considérés comme des citoyens, contrairement aux Américano-Libériens : il s’agit de William Tubman. Élu président en 1944, il fait de l’unité nationale sa préoccupation première, notamment en accordant le droit de vote aux femmes et aux autochtones en 1945. Son successeur, William Tolbert, poursuit son œuvre mais elle a été brutalement interrompue par un coup d’État en 1980, mené par Samuel Kaneyou Doe. Suite à cette action, il devient le premier président “natif” du Libéria. 

Durant son mandat, il a dû faire face à quantité d’opposants, qui cherchaient tant bien que mal à le destituer. Sur ces fonds de tension, la situation économique du Libéria se dégrade. En 1989, une insurrection éclate dans le mont Nimba. Menée par le groupe rebelle National Patriotic Front of Liberia (NPFL) dont Charles Taylor est le dirigeant, cette insurrection se transforme en guerre civile. Toutes les ethnies s’immiscent dans le conflit. Son mouvement s’apparente à une forme de revanche pour les Américano-Libériens. Un an plus tard, ses troupes atteignent la capitale Monrovia, où Samuel Kaneyou Doe est tué.

Ce n’est qu’en 1997 que Charles Taylor prend les rênes du pouvoir, en remportant 75 % des suffrages. La guerre civile continue de plus belle malgré la pression exercée par les puissances internationales, et ce jusqu’en 2003. Il démissionne au mois d’août. 

Son départ est synonyme de doutes et d’espoirs. Le pays aspire à une paix durable. Dans ce contexte, des élections présidentielles sont organisées en 2005. Au second tour, Ellen Johnson-Sirleaf remporte près de 59 % des suffrages face à Georges Weah. Elle devient la première femme présidente d’Afrique. Les défis à relever sont légion. Elle s’est évertuée à renouer le dialogue avec les pays qui ont combattu les troupes de Charles Taylor. 

À l’issue de ce mandat, elle en brigue un second en 2011, malgré les contestations des résultats par son adversaire Winston Tubman. Le second tour n’a mobilisé que 38 % des électeurs. D’autres défis viennent s’ajouter à la liste, dont l’épidémie Ebola, qui gagne peu à peu le territoire. 

Il n'y a pas encore de commentaires.
Authentication requise

Vous devez vous connecter pour poster un commentaire.

Connexion