Ellen Johnson Sirleaf : un héritage de privilèges particuliers
Au milieu de cette organisation élitiste et
privilégiée, la famille d’Ellen Johnson Sirleaf fait figure d’exception. À sa
naissance en 1938 : les américains-libériens forment donc l’élite, et les
indigènes sont circonscrits au rôle de subalternes dans la société. Du côté
paternel, les Johnson sont des indigènes, leur position sociale est donc
déterminée de fait : rien ne présageait cette famille à un futur différent de
tous les membres de leur communauté.
Pourtant le père d’Ellen Johnson Sirleaf, Jahmale
Carney Johnson, a une trajectoire singulière pour un membre de la communauté
indigène. Enfant, il est adopté par une famille américano-libérienne, laquelle
change sa trajectoire. Cette adoption a une conséquence non négligeable sur le
futur de l’homme, puisque Jahmale Carney Johnson devient le premier homme
d’ascendance indigène à siéger au parlement libérien. Une telle fonction a pu
être atteinte en raison de l’instruction dont le père a pu bénéficier, et
celle-ci découle de son bain social américano-libérien, puisque les indigènes
en étaient privés. Qu’une adoption change radicalement le futur d’un homme
– de perspectives misérables à membre de l’élite – prouve d’une part
l’ancrage dans les mœurs de la hiérarchie des individus sur la terre libérienne.
D’autre part, cela souligne l’illogisme des fondements d’une telle hiérarchie
puisqu’il est possible d’être un transfuge ethnique au bon vouloir de l’ethnie
dominante.
L’accession à la présidence