Ses débuts
Hissène Habré était un homme politique tchadien, 5e président du Tchad de 1982 jusqu’à sa destitution en 1990. Il a été porté au pouvoir avec le soutien de la France et des États-Unis. Habré est décédé le 24 août 2021 après avoir été testé positif au COVID-19. En mai 2016, il a été reconnu coupable par un tribunal international au Sénégal d’atteintes aux droits humains, notamment de viol, d’esclavage sexuel et d’avoir ordonné le meurtre de 40 000 personnes, et condamné à la prison à vie. Il a été le premier ancien chef d’État à être reconnu coupable d’atteintes aux droits humains par le tribunal d’un autre pays.
Habré est né en 1942 à Faya-Largeau, dans le nord
du Tchad, alors colonie Française, dans une famille de bergers. Il appartenait
à la branche Anakaza de l’ethnie Daza Gourane, elle-même branche de l’ethnie
Toubou. Après l’école primaire, il obtient un poste dans l’administration
coloniale française, où il impressionne ses supérieurs et obtient une bourse
pour étudier en France à l’Institut des hautes études d’outre-mer à Paris. Il a
obtenu un diplôme universitaire en sciences politiques à Paris et est retourné
au Tchad en 1971. Il a également obtenu plusieurs autres diplômes et obtenu son
doctorat de l’Institut. Après une nouvelle brève période de service au
gouvernement en tant que sous-préfet, il s’est rendu à Tripoli et a rejoint le
Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT) où il est devenu commandant
de la deuxième armée de libération du FROLINAT avec Goukouni Oueddei. Après
qu’Abba Siddick eut pris la direction du FROLINAT, la Deuxième Armée de
Libération, d’abord sous le commandement d’Oueddei puis sous celui de Habré,
s’est séparée du FROLINAT et est devenue le Conseil de Commandement des Forces
Armées du Nord (CCFAN). En 1976, Oueddei et Habré se sont disputés et Habré a
séparé ses nouvelles Forces armées du Nord (Forces Armées du Nord ou FAN) des
partisans de Goukouni qui ont adopté le nom de Forces armées populaires (Forces
Armées Populaires ou FAP). Habré a attiré l’attention internationale pour la
première fois lorsqu’un groupe sous son commandement a attaqué la ville de
Bardaï dans le Tibesti, le 21 avril 1974, et a pris trois Européens en otage,
avec l’intention de les échanger pour de l’argent et des armes. Les captifs
étaient un médecin allemand, le Dr Christoph Staewen (dont la femme Elfriede a
été tuée dans l’attaque), et deux citoyens français, Françoise Claustre, une
archéologue, et Marc Combe, un agent de développement. Staewen a été libéré le
11 juin 1974 après d’importants paiements par des fonctionnaires
ouest-allemands. Combe s’est échappé en 1975, mais malgré l’intervention du
gouvernement français, Claustre (dont le mari était un haut fonctionnaire du
gouvernement français) n’a été libéré que le 1er février 1977. Habré a rompu
avec Oueddei, en partie à cause de cette prise d’otages (connue sous le nom de
l’« affaire Claustre » en France).