L’histoire derrière la célèbre et émouvante photo des émeutes de Soweto

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by Sosedo Writer  -  10 mars 2022 08:48
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Peu de personnes en dehors de l’Afrique du Sud ont porté une attention particulière à l’apartheid avant le 16 juin 1976, lorsque plusieurs milliers d’étudiants de Soweto ont manifesté leur volonté de protester contre l’introduction de l’enseignement obligatoire de la langue afrikaans dans leurs écoles. Pendant la marche de protestation, les élèves noirs  ont rassemblé des jeunes d’autres écoles, dont Hector Pieterson, un élève de 13 ans. Peu de temps après, des escarmouches ont commencé à se produire avec la police et, à un moment donné, des policiers ont tiré du gaz lacrymogène....

Peu de personnes en dehors de l’Afrique du Sud ont porté une attention particulière à l’apartheid avant le 16 juin 1976, lorsque plusieurs milliers d’étudiants de Soweto ont manifesté leur volonté de protester contre l’introduction de l’enseignement obligatoire de la langue afrikaans dans leurs écoles. Pendant la marche de protestation, les élèves noirs  ont rassemblé des jeunes d’autres écoles, dont Hector Pieterson, un élève de 13 ans. Peu de temps après, des escarmouches ont commencé à se produire avec la police et, à un moment donné, des policiers ont tiré du gaz lacrymogène. Lorsque les élèves ont lancé des pierres, la police a tiré de vraies balles dans la foule. «Au début, je me suis enfui de la scène», se souvient Sam Nzima, qui couvrait les manifestations pour the World, le journal qui était l’organe de la communauté noire de Johannesbourg. « Mais ensuite,  je suis retourné. » C’est à ce moment-là que Nzima dit avoir vu Pieterson tomber sous les coups de feu. Il a continué à prendre des photos alors qu’un lycéen terrifié du nom de  Mbuyisa Makhubu, avait ramassé le garçon sans vie et avait couru avec la soeur de celui-ci, du nom de  Antoinette Sithole. Ce qui a commencé comme une manifestation pacifique s’est rapidement transformé en un soulèvement violent, faisant des centaines de morts en Afrique du Sud. Le Premier ministre John Vorster avait averti: « Ce gouvernement ne sera pas intimidé. » Mais les dirigeants du régime de l’apartheid sont restés  impuissants face à la photo de Pieterson publiée par Nzima, qui montrait à la face du monde comment le régime sud-africain tuait son propre peuple. Après la publication de la photo,  Nzima reçu des menaces de mort. Il a donc été obligé de se cacher pour échapper au gouvernement.  A partir de ce moment, le monde ne pouvait plus ignorer l’apartheid. Une photographie avait jeté les bases d’une opposition internationale qui finira par renverser le système raciste.

Sam Nzima: L’auteur de la photo

Sam Nzima (né le 8 août 1934 à Lillydale, Bushbuckridge – mort le 12 mai 2018 à Nelspruit)  était le photographe sud-africain qui a pris ce qui est devenu l’image bien connue d’Hector Pieterson durant le soulèvement de Soweto. Il a lutté pendant des années pour obtenir le droit d’auteur de cette photo.

Sam Nzima est né dans la ville de Lillydale, dans la province du Transvaal (aujourd’hui Mpumalanga). Son père travaillait comme ouvrier chez un fermier blanc. Sam Nzima a commencé à s’intéresser à la photographie lorsque son professeur lui a montré son appareil photo et comment l’utiliser. Alors qu’il était encore à l’école, Sam a acheté un appareil photo et a commencé à prendre des photos dans le parc national Kruger.  Quand le fermier a forcé Nzima à travailler dans la ferme, il s’est enfui à Johannesbourg. Il a trouvé un travail de jardinier à Henningham. Pendant qu’il travaillait dans cette ferme, il a terminé ses études secondaires.

En 1956, Nzima a trouvé un emploi de serveur à l’hôtel Savoy. À l’hôtel, un photographe nommé Patrick Rikotso lui a enseigné les techniques de la photographie. Nzima a pris des portraits d’ouvriers. À l’hôtel Chelsea, Nzima a commencé à lire le journal The Rand Daily Mail. En lisant les articles de Allister Sparks, Sam s’est intéressé  au photojournalisme.

Pendant un voyage, Nzima a écrit un article sur le fait de prendre le bus et l’a envoyé avec des photographies au quotidien de la communauté noire  The World.  Le rédacteur en chef de The World a apprécié le  travail de Sam Nzima et lui a demandé de travailler pour le journal. Puis, en 1968, il l’invite à devenir photojournaliste à temps plein.

Le 16 juin 1976, le soulèvement de Soweto a commencé lorsque la police a confronté des étudiants qui protestaient. Et c’est à cette occasion que Nzima a pris la célèbre photo aui a fait découvrir au monde les horreurs du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Toutefois, Nzima a été obligé de vivre dans la clandestinité après la publication de la photo afin d’échapper au régime raciste d’Afrique du Sud.

Lorsque le gouvernement a fermé The World en 1978, les journaux Daily Mail et The Star ont demandé à Nzima de travailler pour eux. Nzima a refusé par crainte car ils recevaient de nombreuses menaces de mort.

En 1979, le ministre en chef, Hudson Ntsanwisi, du bantoustan de Gazankulu, a fait de Nzima un membre de l’assemblée législative.

Jusqu’à sa disparition, Nzima vivait à Lillydale, où il dirigeait une école de photographie. Il a siégé aux conseils de la municipalité de Lillydale et du district de Bohlabela.

Nzima obtiendra le droit d’auteur de ses photographies, après de nombreuses années de lutte, lorsque le groupe Argus Newspaper, appartenant à The World, a été vendu à l’Independant Group.  Le magazine Time considère que la célèbre image de Nzima fait partie des 100 images les plus influentes de tous les temps.

Mbuyisa Makhubu (né en 1957 ou 1958) est un écolier sud-africain âgé de 18 ans,qui a  porté Hector Pieterson sur la photo célèbre prise par Sam Nzima.

Après la publication de la photo, il a été harcelé par les services de sécurité et contraint de fuir l’Afrique du Sud. Sa mère, Nombulelo Makhubu, a déclaré à la Commission de vérité et réconciliation qu’elle avait reçues une lettre de lui du Nigéria en 1978, mais qu’elle n’avait pas eu de ses nouvelles depuis. Elle est décédée en 2004, apparemment sans savoir ce qui était arrivé à son fils.  Mbuyisa était l’un des nombreux militants sud-africains réfugiés au Nigeria immédiatement après l’incident de Soweto. Il était l’un des trois qui avaient été installés dans un pensionnat du sud-ouest du Nigéria – Collège du gouvernement fédéral, à Warri au cours de l’année scolaire 1976/1977. En 2013, des accusations ont émergé selon lesquelles un homme, Victor Vinnetou, emprisonné au Canada depuis huit ans pour des accusations liées à l’immigration était Makhubu . Des tests génétiques ont été effectués pour déterminer si cet homme est bien Mbuyisa Makhubo. Il a par la suite été rapporté que les tests ADN ne justifiaient pas l’affirmation de l’homme comme étant Makhubu, à la déception de la famille de Makhubu , bien que le test ADN ait été effectué sur un membre de la famille sans liens de sang avec les deux parents.

Antoinette Sithole, la soeur de Hector Pieterson 

Antoinette Sithole, Hector Pieterson’s sister giving a brief account of the events of June 16, 1976

Antoinette Sithole (à l’exprème gauche sur la photo) est née en 1959. Elle est l’aînée de sa famille, dans laquelle Hector était le seul garçon né de leur mère. Hector aurait eu environ 55 ans aujourd’hui. Elle rêvait de devenir pharmacienne, mais tout a changé car elle était incapable de poursuivre ses études après les soulèvements. Elle s’est mariée et a dû prendre soin de sa belle-mère qui était tombée malade.

Elle est mariée avec 3 enfants avec son deuxième mari. En 1998, elle a poursuivi ses études afin d’obtenir son diplôme.

Des années plus tard, Antoinette est devenu conservatrice du musée Hector Pieterson à Soweto. Elle raconte ce qui s’est passé le jour de la mort de son frère et raconte l’histoire qui se cache derrière l’image emblématique vue dans le monde entier.

A cause de la photo, dit-elle, les gens partout dans le monde ont commencé à comprendre comment l’apartheid déchirait l’Afrique du Sud. Ce seul fait, dit Antoinette, signifie que son frère n’est pas mort en vain.

 

 

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